Quelles sont les conséquences de l’addiction aux écrans ?

Force est de constater que les écrans occupent une place de plus en plus importante dans nos vies. Adulés par les uns, qui voient en eux un excellent moyen d’occuper leurs enfants, et accusés de tous les maux par les autres, prompts à fustiger le repli sur soi-même engendré par une utilisation excessive, les télévisions et smartphones s’adressent aujourd’hui à tous les publics sans distinction d’âge. Les applications de vidéos à la demande permettent l’accès à des programmes destinés aussi bien aux tout-petits qu’aux adolescents ou aux adultes, tandis que les rayons “multimédia” des grandes enseignes proposent un large panel de tablettes pour enfants. La place prépondérante qu’occupent les réseaux sociaux dans la vie des adolescents et jeunes adultes met en exergue l’addiction à laquelle ceux-ci sont confrontés. Constamment sollicités, nous consommons les écrans sans même nous en rendre compte, multipliant ainsi nos risques de devenir accros à nos outils tactiles.

Aussi, l’inquiétude d’une partie de la population face à ces comportements addictifs est-elle fondée ? En quoi les écrans impactent-ils de manière délétère notre physiologie et notre état mental ? 

Une mère et ses enfants regardent l'écran d'une tablette
L’addiction aux écrans est commune et se développe à tout âge

Les conséquences physiologiques de l’utilisation prolongée des écrans

Par définition, une addiction désigne une impossibilité pour un individu de contrôler un comportement, malgré sa connaissance des conséquences nocives de celui-ci. Dès lors qu’une action ou une consommation quelconque devient excessive, elle impacte la vie quotidienne à court terme, alors que les conséquences sur le long terme concernent le plus souvent la santé physique. Dans le contexte de notre article, l’addiction se détermine par un besoin irrépressible d’utiliser les écrans sous toutes leurs formes. Inévitablement, cela favorise la sédentarité des individus, augmentant notamment les risques d’obésité et de maladies cardiovasculaires. Evoquons, ci-dessous, les effets de l’addiction aux écrans les plus observés sur la physiologie humaine : 

  • sur la posture : en effet, l’utilisation des écrans au travail ou à la maison nous contraint à adopter certaines postures, définies notamment en fonction de l’installation dont on dispose. Trop de temps passé dans une même position, peu ergonomique, a des conséquences importantes puisque cela crée des troubles musculo-squelettiques. Ainsi, l’inconfort physique maintenu durant un long moment se traduit par l’apparition de douleurs affectant les cervicales, les omoplates, le dos ou encore les poignets.
     
  • sur la vision : les écrans engendrent une diminution du clignement des yeux, ce qui provoque une sécheresse oculaire aboutissant à une sensibilité accrue et une fluctuation de la vision, une augmentation de la fatigue ou encore des maux de tête fréquents, laissant ainsi place à une baisse de la concentration.
     
  • sur les activités physiques : en raison d’une présence constante devant l’écran, on constate une absence d’intérêt pour les activités physiques, facteur entraînant une diminution de la force musculaire. Les risques de surpoids ou même d’obésité s’installent alors.
     
  • sur le système nerveux : l’addiction aux écrans impacte les capacités cognitives. L’anxiété et la nervosité sont développées par cette addiction et s’amplifient au fil du temps .
     
  • sur le sommeil : le temps passé sur les écrans, dans un contexte de comportement addictif, restreint la plage de sommeil de l’individu concerné. Ce cycle est perturbé, notamment car la lumière bleue émise par les écrans génère une baisse de la production de mélatonine (la fameuse “hormone du sommeil”) produite par l’organisme.
     

 Quelles conséquences psychologiques et sociales ?

Que l’on le souhaite ou non, les écrans font aujourd’hui partie du quotidien d’un grand nombre de personnes, ne serait-ce que par la généralisation de l’utilisation des outils informatiques. Une addiction avérée aux écrans impacte le comportement humain à différents niveaux et créé de nombreux dérèglements de la sphère psychologique :

  • une baisse  importante de l’intégration sociale : l’addiction est synonyme de dépendance. Puisqu’elle renvoie à un besoin que l’on ne peut pas contrôler, on se doit d’y répondre, mais les écrans n’aident pas à développer les interactions avec autrui. Le temps consacré aux ordinateurs et tablettes crée ainsi une situation d’isolement. La vie sociale s’amenuise au fil du temps et peut même, dans certains cas, ne plus exister. Cette situation, dans laquelle l’addiction prend l’ascendant sur le besoin humain de lien social, peut entraîner des cas de dépression, affectant l’humeur et l’estime de soi, et ainsi influencer notre perception d’éléments habituellement agréables. Aussi, le parcours scolaire ou la carrière professionnelle d’un individu sujet à une addiction aux écrans est bien souvent mis à mal. Il entre dans un cycle infernal et se trouve happé par un cercle vicieux caractérisé par l’augmentation de l’isolement social et l’aggravation du bien-être.
     
  • création de nouvelles addictions : l’addiction originelle, c’est-à-dire aux écrans dans leur ensemble, peut en entraîner de nouvelles et évoluer vers la cyberdépendance (l’addiction à Internet). Il n’est pas rare de constater le développement d’une addiction aux jeux d’argent en ligne, aux réseaux sociaux et à leurs notifications constantes, ou encore aux jeux vidéo.
     
  • une perte des bonnes utilisations des normes sociales : de nombreux professionnels de la santé mentale mettent en avant les risques de pertes de repères avec la réalité. Le cyberharcèlement représente une menace accrue dans un contexte de dépendance aux écrans. En l’absence de lien social réel avec ses pairs, l’individu assouvira ce besoin primaire à travers les messageries instantanées, réseaux communautaires et forums en échangeant avec des inconnus. Sans être alarmiste, il faut bien admettre que les dangers sont bien réels.

“Envoyé Spécial” s’est récemment penché sur les conséquences de l’excès d’écrans sur le cerveau 

L’OMS a reconnu en juin 2018 l’addiction aux écrans comme une maladie. Fort heureusement, elle n’est pas irréversible. Un individu accro à son ordinateur, à son smartphone et à sa télévision peut tout à fait apprendre à se restreindre et à retrouver un intérêt pour la réalité et les activités du quotidien, à plus forte raison s’il bénéficie du soutien de ses proches. Il est intéressant de remarquer que ce comportement pathologique n’est pas toujours simple à évaluer puisqu’il n’existe pas de critères, quantitatifs notamment, permettant un diagnostic formel. 

Néanmoins, les écrans et outils numériques dans leur ensemble ne constituent pas une menace dans le cadre d’une utilisation saine et raisonnée, et ne sont pas forcément synonymes de rupture avec la réalité. La sortie du jeu pour smartphones Pokemon Go en 2016 en témoigne : pour augmenter leur niveau, les joueurs devaient sortir de chez eux et partir à la découverte de certains lieux spécifiques situés autour de chez eux. L’application incitait donc vivement à chausser ses baskets et à aller prendre l’air le temps de mener à bien sa mission. Le lien social était bel et bien présent puisque les adolescents jouaient en groupe, ainsi que la pratique, aussi modérée soit-elle, d’une activité de remise en forme à travers la marche induite par le jeu. Nous pouvons aussi citer les applications de reconnaissance des plantes, du chant des oiseaux ou même des sommets d’un massif montagneux, comme parfaite harmonie entre numérique et activité physique. 

Enfant utilisant un téléphone pour photographier des fleurs
Les nouvelles technologies peuvent aussi nous rapprocher de la nature

Pour réduire les probabilités de développer une telle addiction, il est vivement recommandé de ne pas exposer ses enfants aux écrans avant l’âge de 3 ans, puis de les limiter à 1 heure maximum de visionnage par jour jusqu’à leur dixième année. La stimulation mentale est importante également afin d’accroître la curiosité de l’enfant et son intérêt pour un maximum de sujets. Enfin, le mimétisme étant très marqué chez les tout-petits, n’oubliez pas que si un parent passe le plus clair de son temps devant son écran, il y a de forts risques que l’enfant en fasse de même. 

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